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Court de la semaine - FIFIB 2014 - La Fugue - Jean Bernard Marlin

dimanche 9 novembre 2014, par Elise Loiseau

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Le regard que les journalistes et les cinéastes portent sur la délinquance est rarement juste. Sa représentation est toujours délicate, parce que son traitement ne souffre pas la caricature, et le risque de sonner faux, ou, pire encore, condescendant, est grand. Jean Bernard Marlin évite tous ces écueils, et les programmateurs du Fifib ne s’y sont pas trompés, puisque La Fugue était sélectionné parmi les 8 courts métrages en compétition officielle.

L’ambition de départ était celle d’un documentaire. Mais plongé au cœur des relations ambivalentes qui unissent les adolescents à leur éducateurs, et confronté aux paradoxes et ratés du système judiciaire, Jean Bernard Marlin a réussi à tirer de l’intensité dramatique de cette réalité un des courts les plus primés de 2013.

La Fugue est un film sur l’inadéquation du système à ces jeunes qu’il doit sanctionner, système qu’il représente sous les traits tirés d’une avocate pas mieux armée pour défendre sa cliente que son éducateur. Elle est agacée par l’inadaptation de Sabrina, qu’il est mort d‘inquiétude pour elle. En pleine séance de délibération du parquet, Sabrina s’enferme dans les toilettes du tribunal. Voila l’histoire de La Fugue.

Au-delà de la représentation naturaliste de la trajectoire d’une délinquante sur laquelle les récits de fiction ne manquent pas, La Fugue réussit le pari de la vérité et de l’authenticité grâce, entre autres, à des personnages incarnés. Unique acteur professionnel de la distribution, Adel Bencherif rend justice au beau personnage de Lakdar, à son impuissance et à ses tentatives désespérées pour protéger Sabrina d’elle-même. Médina Yalaoui fait de Sabrina tour à tour une gamine butée, apeurée la seconde d’après et tête à claque tout du long, restant juste dans son jeu à chaque instant. Elle remportera pour ce rôle un prix d’interprétation féminine pour au Festival Jean Carmet 2013 et un autre au Festival du court métrage de Saint-Etienne la même année.

Au cœur du film la condescendance, la brutalité d’un système qui ne parle plus le même langage de ceux qu’il est supposé encadrer. Ce film sur l’incompréhension mutuelle entre deux réalités françaises a fait le tour du monde et c’est quelque part troublant de penser que l’histoire de Sabrina a touché pareillement les spectateurs des festivals de Los Angeles, de Reus en Espagne, ou de Clermont Ferrand, pour ne citer qu’eux.

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