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Jack et la mécanique du coeur

lundi 30 décembre 2013, par Clotilde Couturier

"Jack et la mécanique du coeur", film de Mathias Malzieu et Stéphane Berla, avec entre autres Jean Rochefort, Olivia Ruiz et Grand Corps Malade, nous emmène à la rencontre de la Musique, de Georges Méliès, de l’Amour, de Paris, de l’Aventure, de Don Quichotte, de l’Imprudence... car "quand à 14 ans on décide de traverser l’Europe pour retrouver une fille, c’est qu’on a le gène de l’imprudence assez développé, pas vrai ?!"

Le 5 février 2014, il sera enfin temps de découvrir « Jack et la mécanique du cœur » au Cinéma. En effet, l’adaptation cinématographique du livre « La mécanique du cœur », publié fin 2007, aura tourné quatre ans dans et entre les studios d’animation. Travaillé longuement, mijoté avec acharnement, mûri avec précision pour un résultat onctueux, le film « Jack et la mécanique du cœur » nous est enfin donné à savourer.

En début de séance avant le film, le clip de Dionysos, dont le chanteur Mathias Malzieu est l’auteur du livre, générique du film avec des extraits à l’image, peut surprendre. N’hésitez pas à le regarder à l’avance : http://www.vevo.com/watch/dionysos/jack-et-la-mecanique-du-coeur/FRUV71300485

Le film d’animation propose donc de suivre l’histoire de Jack, petit garçon « hors normes » et auquel ne seront pas épargnés les affres de l’enfant « différent » : stigmatisation, moqueries, exclusion… Il apprend ainsi à avoir honte et à se méfier de ce qui le rend différent. Ce rapport scénaristique à la dévalorisation de soi-même est particulièrement méritant car il est abordé ainsi au-delà de la règle imposée par un « coupable » et plutôt comme une évidence issue du quotidien de notre héros qui doit évoluer seul au milieu des pressions de la société qui l’entoure. En effet, le personnage de Joe, grand tourmenteur de Jack, est présenté capable d’une grande douceur, et portant une peine sincère, faisant de lui un « méchant » éloigné du manichéisme habituel aux films d’animation.

Evidemment, cette partie est courte par rapport à l’ensemble et l’essentiel du film repose au contraire sur le déploiement de Jack, sur les aventures fantastiques qu’il va vivre en France et en Espagne, et comment Jack parviendra à surmonter sa colère et sa peur pour vivre, enfin, pleinement.

La qualité de l’animation, aussi bien dans les détails, jusqu’aux grains de peau des personnages, que dans la maîtrise technique des « séquences Méliès », est exquise et permet d’apprécier chaque instant et chaque pixel du film.
Le choix artistique du complexe physique générant l’exclusion de Jack est tout aussi méritant : ce qui rend Jack différent, c’est son cœur.

Donc, Jack a un cœur horloge, particulièrement fragile et dont il faut remonter la mécanique régulièrement. Madeleine, obstétricienne-sorcière et chirurgienne de l’opération, prévient Jack de sa grande fragilité face aux émotions fortes, comme la colère et l’amour, et lui impose trois règles de conduite qui rythmeront son existence. Cette fragilité émotionnelle, sensée découler de la forme physique du cœur de Jack, est étudiée dans le film comme une réalité intrinsèque de l’individu influençant elle-même la force physique et psychologique du personnage. Ce n’est plus la mécanique qui fait le cœur, mais le cœur qui fait la mécanique.
Cette réalité ouvre évidemment de nouvelles perspectives à Jack, bien que le film nous rappelle qu’elle a aussi ses déboires.

Ainsi malgré tout, et malgré tous, Jack puise une grande force dans une rencontre particulière : l’Amour qu’il ressent pour Miss Acacia. Perdant sa trace, Jack traverse les épreuves de la vie et repart à la recherche de sa flamme dès qu’il en a l’occasion. Cette quête entraîne Jack, et le spectateur, dans de grandes aventures rebondissantes et dans de belles rencontres humaines. Le film passe vite, les enfants (5-10 ans à la séance où j’ai été) ne trouvent pas le temps long et ressortent, comme nous autres adultes, avec le sourire, la tête pleine de beaux paysages, de grandes émotions et de rêveries quant aux « alternatives possibles ».

Le film montre toujours les choses de manière symbolique et les images sont très douces, même dans les moments sombres. Très dynamique, et peuplé de (nombreuses !) séquences musicales de qualité, « Jack et la mécanique du cœur » peut ravir à tout âge !

Dir : Mathias Malzieu & Stéphane Berla, 2013

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