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cultures numériques contées

Cyberconte

lundi 1er octobre 2012, par Clotilde Couturier

Une petite fourmi posant les premières pierres d’une grande basilique, c’est le projet de Camille Szklorz, intitulé « Cyberconte », qui part récolter pour nous, graine après graine, les marques de la culture numérique émergente en Afrique.

Une petite fourmi posant les premières pierres d’une grande basilique, c’est le projet de Camille Szklorz, intitulé « Cyberconte », qui part récolter pour nous, graine après graine, les marques de la culture numérique émergente en Afrique.

Comme le dit le synopsis officiel, « À travers ce projet, il s’agit de donner à voir une certaine créativité numérique et technologique. Ce sera une plongée de plusieurs mois, dans la vie quotidienne d’acteurs locaux où la débrouille côtoie souvent la haute technologie. »

Je salue le travail de cueillette minutieux et riche que nous prépare ce projet. Faire la lumière sur la création numérique est déjà en soi, un véritable challenge. Car le domaine est tellement vaste, de l’installation des premiers systèmes interactifs aux réalités virtuelles comme Second Life, du V-jing au Water Light Graffiti d’Antonin Fourneau, sans parler des concepts du Living Art, création de toutes les créations, expansion perpétuelle et sans cesse renouvelée.
A ce challenge s’ajoute le défi de faire « sortir de l’ombre » les créateurs d’Afrique, qui ne bénéficient pas de la même couverture financière et des mêmes moyens de communication que les créateurs occidentaux ou orientaux. Deux épreuves de taille dans une rencontre qui se fait à vélo : « CYBERCONTE est un voyage à vélo - de la ville à la brousse, des déserts géographiques aux déserts numériques, du high tech au système D. »

Je salue aussi le choix de construire ce projet autour d’ « un voyage, à la découverte de savoir-faire et de pratiques qui sortent de notre ordinaire. C’est un travail documentaire itinérant pour recueillir des témoignages, des échanges, des rencontres à travers des reportages photos, vidéos ou encore sonores. »
Comme chacun sait, le voyage est propice aux surprises, aux dialogues, aux échanges de points de vue, à la révélation de moments « inédits », comme des instantanés révélés par la peinture magique de l’itinérance... à l’image du light painting.

Mais le voyage qui se fait au contact, en dépendant des individus rencontrés, est aussi synonyme de partage, de nécessité d’écoute, d’attention. Il porte en cela une dimension d’absolu.
Cet absolu qui est l’exigence de Camille, et qui guide ses choix, je l’espère dans sa « récolte », dans les « œuvres » qu’elle va découvrir.
Je la félicite pour sa conviction envers le trajet à vélo.
Pour moi, l’image de l’exploit sportif s’associe naturellement à l’ambition de Découverte. Les deux s’impriment, se superposent. A l’image de l’archéologue creusant le sol à la recherche d’artefacts, d’arches perdues, alors qu’il fait 40°C à l’ombre.

Enfin, le vélo rattache à la Terre et oblige le voyage à se faire dans une vitesse à dimension humaine, a contrario des séjours touristiques qui vous font « tout voir » en 12 jours. Le choix du vélo contraint à la temporisation et respecte la protection des milieux naturels qui peuvent encore être préservés de la main de l’Humain Civilisé. Cet Humain qui ne peut vivre sans son câble Internet et sa ligne EDF. Ce câble et cette ligne qui sont à la fois le berceau et la route des cultures numériques… Intéressant paradoxe.
Ce cheminement « main dans la main » avec les créateurs et les intervenants que le voyage annonce est une véritable aventure, comme celles qu’écrivaient les pionniers d’avant la sinistre colonisation ou comme celles des héros de Jules Verne.

Camille, notre Lara Croft du Cyber Conte – je me permets de faire le rapprochement avec l’icône numérique de l’aventure pour son côté exploratrice curieuse, non pas pour sa capacité à tout pourfendre à l’arme à feu – est partie sur la route ce 1er octobre 2012.
En espérant que vous suivrez son périple sur http://cyberconte.net je vous laisse avec ses mots :

« L’Afrique étant une terre de conte, je mettrai en place un dispositif narratif pour raconter ce périple et ses reportages sur une plateforme interactive.

Des déserts numériques aux cybercafés, ce sera une empreinte sonore et visuelle de ce voyage à parcourir à l’écran. L’interface permettra à chacun de s’immerger dans un voyage virtuel pour découvrir les coulisses de la création numérique. »

Clotilde Couturier


Pour les dernières nouvelles : http://www.ulule.com/cyberconte-projet/news/

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