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Soirée Courts métrages du Festival du film des droits de l’Homme de Paris 2011

vendredi 29 juillet 2011, par Abla Kandalaft

Yvette Réalisation : Marie Bassolé & Ferdinand Bassono
Yvette, est le portrait d’une mère de famille, habitante du village de Perkouan. A travers ce film, les réalisateurs abordent la question de la
condition de la femme burkinabée.

Projection suivie d’un débat avec Mickael Damperon et Ivan Frohberg, membres de L’Atelier Caïcedra, ainsi que Dragoss Ouedraougon, enseignant en anthropologie à l’Université de Bordeaux et aux Etats-Unis, au Cartleton College de Northfield, Minnesota.

Mickael L’association a monté un atelier de réalisation au Burkina Faso avec des gens qui prennent la caméra en main pour la première fois. Les films ne sont pas faits par eux à 100 % mais ensemble. On les a mis sur la piste.

Le film a été réalisé par Marie et Ferdinand et j’ai accompagné le tournage et monté le film. On formé les participants à l’atelier à l’utilisation des outils, la perche, le micro, qu’est ce qu’une séquence etc. On leur demande d’arriver avec un sujet. 5 ont été proposés et 2 ont été retenus dont celui-ci et Wash the car d’abord, un film sur les conditions d’embauche des villageois par une multinationale.

Ivan L’idée c’est que les réalisateurs puissent projeter leur film dans d’autres villages puis le présenter au festival de cinéma de Ouagadougou.

Q Est-ce que le fait que l’on ne voit aucun homme est issu d’un choix fait en amont ?

Mickael Ce qu’on montre c’est le travail de la femme, les hommes travaillent au de champ. Il n’y a pas de raison particulière pour leur absence ; ils n’étaient pas là quand on a filmé.

Dragoss Il y a le monde des hommes et le monde des femmes, liés aux activités économiques de chacun. Parfois, dans les champs, les hommes et les femmes travaillent ensemble. Mais en plus de cela, les femmes ont l’univers domestique complètement séparé. Dans les zones urbaines, on voit plus d’hommes et de femmes qui travaillent dans le même milieu, dans les bureaux.

Q Un des réalisateurs est un homme, ceci a-t-il eu un impact sur le fait qu’il filme une femme ?

Mickael Oui, les réalisateurs sont voisins d’Yvette. Lui était particulièrement intéressé par ce projet, par la condition de cette femme qui finalement est la même que celle de Marie (la réalisatrice).

Q Pourquoi n’est-il pas question du mari ? On a l’impression que c’est elle qui tient la famille.

Dragoss Il y a une répartition des tâches. Les hommes travaillent dans les champs, les femmes participent aussi à cela et tiennent la maison. Les femmes s’occupent de la vie sociale de la famille.
Les femmes prennent en charge la santé et la scolarisation des enfants. Les hommes restent tout de même impliqués. Dans le film on a l’impression que l’homme est absent mais il y a une collaboration, puis il y a l’implication du voisinage. Il n’était juste pas là pendant le tournage.

Ivan A Ouaga, le public du film, essentiellement masculin était remonté. On sentait une gêne de leur part.

Dragoss Il y a un soutien, la femme n’est pas toute seule. Mais du fait de la pesanteur psychologique c’est elles qui prennent en charge la vie sociale de la famille. Mais ce n’est pas une indifférence de la part des hommes. Puis il y a donc cette vie sociale communautaire, cette solidarité permet aux gens d’affronter les difficultés.

Fil du rasoir Réalisation : Antoine Dubos
Au centre d’accueil Solen à Aubenas (Ardèche), on vient de trouver un lit pour la nuit, se reposer et se laver. On écoute alors les récits de ces personnes, le temps d’une toilette, qui s’expriment sur leur corps, leur histoire, leur identité.

Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Antoine Dubos et Cédric de l’association Charonne.

Antoine : le film a été tourné en Ardèche, un département moyennement peuplé du coup il s’agit d’un petit centre d’hébergement. Il s’agit là d’un film de fin d’étude. Il nous a fallu un mois de tournage et trois semaines de montage.

Q Ce centre est quoi comme structure ?

Antoine Il s’agit d’un centre d’hébergement social. Les personnes peuvent rester quelques jours à un mois, puis elles sont prises enc hrage par les services sociaux. C’est un peu un hébergement d’urgence.

Q Comment les personnes filmées ont-elles accueilli la caméra ?

Antoine J’ai passé 15 jours au départ sans caméra et certains étaient intéressés. On a tissé des liens puis j’ai commencé à tourner petit à petit. Cela m’a paru important. Le rapport à l’image est difficile, les corps sont parfois abimés. Je voulais faire ce film autour du miroir.

Cédric On voit que le rapport au corps symbolise ce par quoi ils sont passés. Ici, ils ne sont pas très « abîmés », ils prennent soin d’eux. Ce sont des gestes extrêmement symboliques, liés aux aléas du moral. Ce sont ceux qui s’accrochent.

Q Pourquoi ce choix de sujet ?

Antoine J’avais travaillé à Charonne avant le Master. C’est une question qui me préoccupait. Je m’intéresse à ce qui se passe à l’intérieur de ces gens, la question de la mémoire. J’ai voulu faire un film à travers le prisme du rapport à l’image et au corps.

Q Qui est-ce qui est responsable de ce centre ? Par rapport aux coupes budgétaires actuelles, peut-on dénoncer un manque de responsabilité de la part de l’état ?

Antoine C’est une association, la DDASS finance le centre et l’association. Nous avons en effet ressenti les coupes. Ce centre était ouvert jour et nuit et maintenant les horaires de jour ont beaucoup été réduits. Il y a un manque d’engagement.

It gets better Réalisation : Séverine Lenglet
De nombreux jeunes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres n’arrivent pas à s’imaginer leur futur, vivant ouvertement leur orientation et identité sexuelles. Onze jeunes vidéastes originaires de toute l’Europe ont interviewé des adultes LGBT dans différents pays d’Europe, sur leur adolescence, leur coming out.
Ce projet du réseau Transeuropa vise à donner de l’espoir aux jeunes lesbiennes, gays, bi, trans et à leur montrer qu’avec le temps, les choses s’améliorent.
Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice Séverine Lenglet et Elena Dalibot, membre du réseau Transeuropa.

Elena Le réseau du film est lié à Europe Alternatives qui ont des groupes locaux dans plusieurs villes. Ce projet a été initié aux Etats Unis et on s’est dit qu’on devrait organiser la même action en Europe, à la suite d’un nombre de suicides d’adolescents qui vivaient mal leur homosexualité.

Séverine Je suis journaliste et j’ai formé les jeunes aux techniques audiovisuelles. J’ai coordonné le projet qu’on a montré au festival Transeuropa. On souhaite qu’il soit utilisé par les organisations LGBT locales dans le cadre d’ateliers auprès de jeunes et dans les écoles.

Q Pourquoi ne pas le soumettre directement au ministère de l’Education Nationale ?

Séverine On a décidé de passé par des organisations, mais c’est une idée en effet…

Q Il semble que vous avez interrogé des gens de milieux aisés. Est-ce un choix ou un hasard ?

Séverine C’est un hasard, je trouve que cela manque de femmes mais souvent peu de gens acceptaient de parler devant la caméra. On a filmé ceux qui ont accepté de participer.

Q Une chose qui m’a un peu dérangé est le monsieur qui dit que les hétéros ne peuvent pas connaître le coming out, il y avait l’idée qu’être homo c’est plus cool. Qu’en pensez-vous ?

Elena J’ai eu la même réaction, ça a suscité des débats.
Sévrine J’ai trouvé ça intéressant. Après, c’est son message personnel donc sa réponse est valable, je ne voulais pas la couper.

Q Vous ne montrez que le côté positif. N’est ce pas dangereux ?

Séverine Ce qu’on voulait c’est donner un message d’espoir. On n’a pas voulu faire un film sur la législation en Europe mais un film sur les messages personnels.

Love in Transit Réalisation : Séverine Beaudot

L’amour ne connaît pas de frontières, il transcende les langues et les cultures. Cependant, les lois européennes sur l’immigration nous ramène à une réalité plus prosaïque et à un quotidien plus difficile.
Le film Love in Transit nous emmène sur la route, à travers toute l’Europe, à la rencontre de couples mixtes : un Européen et un "sans-papier".
Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice Séverine Beaudot et Nicolas Férand des Amoureux au ban public.

Nicolas Je fais partie d’une association Les Amoureux au ban public. Cette association est née sous l’impulsion de faire en sorte que les couples deviennent acteurs de défense de leurs droits. C’est un espace d’accompagnement des couples.

Séverine Je fais partie d’une association de jeunes cinéastes. Le documentaire a été tourné au sein d’un projet européen avec 45 cinéastes. Je tenais à laisser les couples parler entre eux et de s’exprimer librement.

Q Aviez –vous eu des contraintes de temps ? Le film est très court.

Séverine Nous avions 4 semaines de tournage, pas beaucoup de temps par ville et avec les gens. On n’avait pas assez de matériel non plus pour faire un long film.

Q Quand les couples rejoignent l’association que recherchent-ils ?
Quelles sont leur options ?

Séverine et Nicolas En dehors du mariage c’est très compliqué, pour tout ce qui est titre de séjour, visa etc. De plus ils sont souvent suspectés de se marier pour les papiers donc les mariages sont précipités. Nous on intervient sur ces choix, on les informe juste des conséquences juridiques. On se bat pour faire reconnaître leurs droits et reconnaître les droits en cas de pacs ou de concubinage.
Il y a une réelle remise en cause de la sincérité de la vie familiale. Le contrôle des mariages mixtes est énorme. Il y a beaucoup d’intrusion, on rentre dans la réalité des sentiments.

Q On voit une des filles pleurer en regardant une photo du Brésil. Y a-t-il un travail sur le déracinement du pays d’origine ?

Nicolas Elle pleure parce qu’elle ne vit pas normalement ici, elle n’a pas le choix de rentrer. On ne travaille pas particulièrement sur cette problématique de déracinement mais beaucoup de gens n’ont pas cette impression de multiculturalisme.

Retrouvez tout le programme des projections mensuelles sur
www.festival-droitsdelhomme.org/projections-mensuelles/

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