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L’art de la concision à l’honneur

13e édition du Festival International des Très Courts

dimanche 15 mai 2011, par Aurélie Laurière

Alors que Cannes est sur toutes les lèvres, se tenait le week-end dernier la 13e édition du Festival International des Très Courts, à Paris et (presque) partout dans le monde. Loin des tapis rouges, ce festival unique en son genre réunit professionnels et néophytes depuis la fin des années 90, permettant de découvrir de jeunes talents et de favoriser les échanges culturels. Et on peut dire que le nombre 13 aura porté bonheur à l’événement. Au programme cette année : 14 pays, 70 villes, 150 films, deux compétitions. Du rire, des larmes, de l’émotion. Un public au rendez-vous et une explosion de créativité. De l’éclectisme, de l’éclectisme, et encore de l’éclectisme. Précisons d’emblée : il n’est pas ici question de courts métrages mais de très courts métrages, soit des films de trois minutes maximum, et souvent beaucoup moins. Un format particulièrement en phase avec notre culture de l’image et de l’instantané où les distances, qu’elles soient spatiales ou temporelles, n’ont jamais été aussi réduites. Un format, aussi, qui nous épargne tout risque de longueur : l’art de la concision à son paroxysme. Fiction, animation, documentaire, expérimental, image de synthèse… tous les genres se succèdent à un rythme effréné et laissent notre souffle court.

Gros plan sur la compétition internationale

La compétition internationale, c’est LA sélection que tout le monde attend. Au total quarante-six très courts métrages divisés en deux programmes.

La première partie est incontestablement placée sous le signe du rire. La taille XXS de ces films s’adapte en effet fort bien aux situations cocasses, qui s’enchaînent sans nous laisser le temps d’applaudir. Un ballet d’effets comiques plus qu’efficace ! Si 12 Jahre de l’Allemand Daniel Nocke (qui a décroché le prix de l’animation) nous attendrit l’espace d’un instant avant de nous faire sourire, De grøt blö, remake salé du Grand Bleu, nous fait carrément exploser de rire. Toute cette légèreté n’exclut pas une portée réflexive, bien au contraire. En effet, du renversant Rubika à l’énergique Slightly fishy, l’écologie semble être le fil rouge de cette série.

La seconde partie nous entraîne vers plus de gravité et aborde des sujets aussi sensibles et universels que la maltraitance infantile (Je vais à Disneyland d’Antoine Blandin), la solitude (Solos de Pablo Vara) et la mort (Best before de Mark Boggis ou le grand gagnant de cette édition, Peter’s room de Nicolas Kolovos).

Deux coups de cœur. Free fall de Julie Gautier et Guillaume Néry, champion du monde d’apnée libre, qui nous emmène vingt mille lieues sous les mers. Court mais vertigineux. Dans un style on ne peut plus différent, c’est une plongée dans les souvenirs que relate Playback de Siang Yu Tan. Par la magie des réseaux sociaux, un vieil homme retrouve le camarade de jeu qu’il faisait jadis semblant de tuer. Une renaissance empreinte de poésie et de délicatesse.

Feeder de Joseph Ernst n’est pas un coup de cœur. Il n’a en revanche pas manqué de nous le soulever. Prix de l’originalité mérité pour ce très court qui nous fait partager le quotidien… d’une bouche. Un quotidien fait de déglutitions diverses et variées. À défaut de nous donner l’eau à la bouche, Feeder étonne, surprend, dérange et interpelle. C’est aussi cela le rôle de l’art.

Trois minutes dans la peau d’une femme

À la lecture du programme, une sélection piquait tout particulièrement notre curiosité : la compétition Paroles de Femmes. Ce type de projet peut paraître à double tranchant. Pourquoi créer une telle sélection si la femme est censée être l’égale de l’homme ? Justement parce qu’elle ne l’est pas encore, et que sa parole reste largement sous-représentée… Créée en 2009 sous l’impulsion des Très Courts Montpellier, en étroite collaboration avec la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité du Languedoc-Roussillon et la ville de Montpellier, cette initiative offre de fournir une tribune aux femmes, mais surtout de réfléchir à leur place dans la société.

Le bilan : des sujets aussi variés que le célibat, les relations mère-fille, l’amitié, la pauvreté, les violences conjugales, le viol, la mort… Et une grande place accordée aux relations homme-femme, abordées bien souvent – et tant mieux ! – de manière décalée. Un ensemble plus inégal que les précédents qui recèle tout de même de quelques pépites cinématographiques.

Divertissement, création, réflexion… S’il fallait conclure concernant le Festival des Très Courts, on dirait très certainement que c’est toujours trop court et que l’on en veut encore.

Pour infos, détails, contacts supplémentaires concernant l’équipe ou le film veuillez nous contacter directement par mail ou laisser un commentaire.


N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site des Très Courts : http://www.trescourt.com/

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